Il y avait à Sainte-Fauste, il n'y a encore pas si longtemps, une fête patronale, appelée Assemblée. Le matin était plus spécialement destiné aux cérémonies religieuses. C'est ce jour-là qu'avait lieu le pèlerinage à la Mardelle-Sainte. On sait qu'il a existé bien avant 1379 et qu'il y en avaient deux par an : le 4 janvier et le lundi de Pentecôte ; les deux, à cette époque se déroulaient à la Mardelle-Sainte. S'agissant du 4 janvier, appelé aussi "Petite Sainte Fauste", le pèlerinage s'est transformé en une messe à l'église, suivie d'une procession pendant laquelle le reliquaire était porté autour de l'église et jusqu'à la croix servant de monument aux morts. Cette cérémonie existait encore dans les années 60. Concernant le pèlerinage du lundi de Pentecôte, appelé "Grande Sainte Fauste", la procession partait des Sarrays jusqu'à la Mardelle-Sainte ; on peut l'apercevoir de la route à gauche en allant sur Thizay, elle est reconnaissable à la croix qui y est placée. Les enfants qui effectuaient leur communion solennelle dans l'année portaient une croix en tête de cortège. Les pèlerins traversaient alors un grand champ cultivé sur un chemin, puis directement à travers les cultures lorsque le chemin a disparu. Les pèlerins arrivés au pied de la Croix , la cérémonie pouvait alors commencer. A noter que ce pèlerinage pour la guérison de grandes douleurs et de rhumatismes peut s’accomplir de manière individuelle. Il doit être exécuté à jeun, le vendredi et pendant trois semaines de suite. Il faut, en outre, déposer un sou sur une pierre, près de la croix, se rendre ensuite à l’église du bourg de Sainte-Fauste et y faire brûler un cierge devant la statue de la patronne. Dans un livre de la fin du XIXème siècle, on trouve quelques lignes sur ce pèlerinage :"Le jour où se célèbre la fête de Sainte-Fauste, le lundi de la Pentecôte, attire aussi une affluence considérable de visiteurs à la Mardelle-Sainte : le nombre s’en élève quelquefois à plus de douze cents. La foule vient s’agenouiller au pied de la croix et passe, pour s’y rendre, à travers les blés qui, assure-t-on, bien loin d’en souffrir, donnent au contraire une récolte plus abondante que dans les autres parties du champ". L'Abbé RABIER, qui fut curé de la paroisse pendant 25 ans, au début du XXème siècle, mentionne dans ses recherches sur Sainte-Fauste que "Ce jour-là, quelque soient les évènements, la fête est chômée. Personne ne travaille. Bœufs et chevaux sont exempts de labour. Malheur à qui violerait les usages, la rouille menace son blé". On sait aussi qu'il existait un petit bâtiment appelé La Grange, juste à côté de la Mardelle-Sainte. Il s'agissait, à l'origine d'une chapelle où le reliquaire contenant deux cervicales de Sainte Fauste aurait été placé avant d'être transporté en 1754 vers l'église paroissiale. Seuls les moines avaient le droit d'y pénétrer pour prier. La fête qui suivait les cérémonies religieuses, connaissait elle aussi un réel succès : En 1811, une réunion du Conseil Municipal mentionne l'assemblée en précisant que 3 000 à 4 000 personnes y viennent et qu'il s'y boit 10 à 12 pièces de vin (une pièce équivaut à un peu moins de 250 litres) . Un peu plus tard, dans les années 1820, le Conseil Municipal décide de faire payer un droit de place aux différents exposants y compris les joueurs de violon et de vielles. L'assemblée cessa pendant la seconde guerre mondiale et ne put y survivre. Les plus âgés d'entre nous se souviendront certainement de ce temps révolu où les rues de Sainte-Fauste étaient noires de monde, où l'on pouvait tenter sa chance à la loterie (une espèce de roue de la fortune), manger des berlingots, faire des tours de manèges et profiter de toute la fête foraine sans oublier d'aller, le soir venu, faire quelques petits tours de danse au bal qui clôturait cette assemblée de Sainte-Fauste. Un merci tout particulier est adressé aux Mesdemoiselles MAILLOT pour les informations et les souvenirs, précieux, qu'elles ont bien voulus nous confier.
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